L'inconfidence de l'art (du sublime critique: par une mélancolie affirmative de l'art)

• Autor(a) principal: Maurel, Jean
• Data de Publicação: 2017
• Tipo de documento: Artigo
• Idioma: por
• Título da fonte: Artefilosofia
• Texto Completo: https://periodicos.ufop.br/raf/article/view/732
• topic: Ange; Art; Allégorie; Défi; Dürer; Hugo; Intempestif; Isis; mélancolie; Oeuvre d’art; Sartre; Sublime; Symbole; Vermeer.; Anjo; Arte; Alegoria; Desafio; Dürer; Hugo; Intempestivo; Ísis; Melancolia; Obra de arte; Sartre; Sublime; Símbolo; Vermeer.

Quand il s’agit de l’art, ce ne sont peut-être pas les questions d’essence, d’origine ou de contenu qui conviennent. Si l’art a quelque rapport avec la vie, le saisir « sur le vif » c’est se rendre sensible à son « allure », sa « forme », son mouvement. Cela conduit à préférer voir l’œuvre d’art comme un commencement et non une fin, une ouverture sans cesse reprise, et non une totalité close ou un achèvement. La multiplicité éclatée des œuvres d’art, leur diversité divergente dans le temps et l’espace, récuse tout modèle transcendant de Beau et affirme tout à la fois l’exemplarité précaire et résistante, mortelle et survivante, de l’art. Du symbole à l’allégorie, c’est ce pas déviant, cet écart décisif qu’une réflexion sur l’art doit marquer et reprendre en demandant à W.Benjaminl’élan d’une histoire intempestive, le défi d’une foi artiste qui ferait sortir des métaphysiques régnantes du Beau, de Platon à Hegel et retrouver l’énergie d’une vitalité débordante dans laquelle l’art à l’œuvre nous emporte. Ce n’est rien moins que l’étrange figure voilée d’Isis, son pas double, mortel et vivant, qui nous guide, d’Apulée à Kant et Baudelaire, sur le chemin d’un sublime, critique mais vital, délivré de la fascination pathétique pour la nostalgie de l’Au-delà. Comment ce sublime révolutionnaire et transgressif n’entraînerait-il pas avec lui la noirceur et la pétrifi cation mélancolique pour réinventer l’arc-en-ciel magique de la vie vive? Réanimer l’exemplaire gravure de Dürer c’est peut-être dé- busquer le secret de la renaissance éternellement déviante, fuyante, mais affi rmative, de l’art: Hugo, comme Sartre, entre autres, ne manquent pas de l’entrevoir. Reprendre l’élan de ce défi qui ouvre le monde moderne, ce serait l’occasion d’un discret hommage au courage sublime des poètes de l’ « inconfidence ».